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Entschuldigen Sie, dass ich nicht früher geantwortet; nicht nur viele Arbeit, son-
dern auch die Krankheit und der Tod meiner Mutter sind daran Schuld.
Bitte entschuldigen Sie auch, dass ich Ihnen weiter auf franzoesisch schreibe.
Obschon ich Ihrer Sprache relativ mächtig bin—soweit es einem Franzosen mög-
lich ist, bleibt mir doch meine Muttersprache lieber und leichter. Und jetzt, wo ich
zurück zu Hause bin, und meine Maschine wiedergefunden habe, merke ich es
umso mehr, dass mir der Gebrauch derselben in irgend einer fremden Sprache
ziemlich peinlich ist, als ob ich meine ersten Uebungen auf der Maschine machte.
Ce n’est pas sans surprise que j’ai appris que j’étais en concurrence, pour cette
traduction, avec Mlle Jeanne Rouvière, que je connais
bien.[3]
Elle a étudié les ma-
thématiques avec mon fils ainé, lorsqu’il se préparait à l’Ecole Polytechnique (mes
deux fils sont, comme moi, des polytechniciens), et elle est la fille d’un de mes an-
ciens de l’Ecole. Vous voyez que je ne suis pas précisément un jeune homme:
en 1859, je suis entré à l’Ecole en 1878. Rouvière, le père, est donc de 1877; et
l’histoire de sa famille est tout à fait curieuse. Il est entré dans l’administration de
l’armée, et s’est tenu au courant du mouvement scientifique dans ses moments de
loisir. Il a épousé une agrégée des lettres; et il a trois filles, qui se sont toutes trois
vouées aux sciences. L’ainée fait de la physique avec Mme Curie. Jeanne, qui est
en relations avec vous, est la deuxième. Que ce soit elle ou votre ami qui traduise
votre brochure, je ne puis que souhaiter que le travail soit bien fait.
Je vous suis reconnaissant pour votre idée de me confier éventuellement la tra-
duction de quelque autre travail. Mais il est à craindre qu’un travail original de
vous, autre qu’une oeuvre de vulgarisation, ne dépasse ma compétence scientifi-
que. Et d’autre part, je ne cherche pas à faire des traductions pour elles-mêmes. J’en
ai fait plusieurs, de langues diverses, mais c’était toujours à l’occasion ou en vue
d’un travail original de moi-même. La traduction, surtout de l’allemand en français,
est un travail bien ingrat, si on veut l’exécuter de façon réellement satisfaisante, et
aboutir à un texte que rende scrupuleusement la pensée de l’auteur et soit écrit en
bon français, “ne sentant pas la traduction”. Je ne connais pour cela qu’une
méthode: traduire scrupuleusement; revoir après quelques jours cette traduc-
tion, en la comparant mot pour mot avec l’original; la récrire entièrement, com-
me si l’on produisait un travail original en français. C’est long, et le lecteur ne se
doute pas de la peine que cela a donnée. Il faut vous dire que, pour nous autres Fran-
çais, ce serait une bien mauvaise recommendation pour un un ouvrage, que de se
réclamer du précepte du “génial théoricien” Boltzmann que vous citez dans votre
préface![4]
(Au fait, je serais curieux de savoir ce qu’était cet homme de génie, qui
m’est inconnu? Je me le représente avec une barbe hirsute de Uralldeutscher!) Je
me souviens d’une traduction qui m’a donné bien du mal: c’est celle de quelques
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