504
DOCUMENT 373 AUGUST
1917
Georg
Nicolai,
who
was
embroiled in German military
proceedings,
culminating
in
a
court-martial
four
months later
(see
Doc.
411,
note
4).
Swiss involvement in the Nicolai
case
is alluded
to
in Doc.
411. For
Seippel’s
praise
of
Nicolai 1917 in the
pages
of Journal
de
Genève, see
Zuelzer
1981,
p.
213.
373. From Romain Rolland
Hotel
Byron,
Villeneuve
(Vaud)
Mardi
21
août 1917
Cher
Monsieur
M. le
prof.
Zangger
me
dit
que vous comptez repartir
de
Lucerne
prochaine-
ment.[1]
Je formais le
projet
d’aller
vous serrer
la
main,
avant
votre
départ;
mais
il
est
peu probable que
j’en
trouve le
temps
cette semaine. Je
veux au
moins
vous
adresser
l’expression
de
mes
souvenirs affectueux. Je sais
que
votre santé
a
été
as-
sez éprouvée,
et
que vous
ne
voulez
pas
la
soigner, comme
il
faudrait;
ce qui
est
un
crime
envers
la science et
une peine
pour
vos
amis. Mais
je
sais
trop
qu’il
est des
moments de la vie chacun est le “Bourreau” de
soi-même:-
-
Je souhaite
que
votre
séjour
en
Suisse
vous
ait,
malgré
tout,
rendu
assez
de for-
ces
pour supporter
sans
trop
de
fatigue
un
nouvel hiver de
privations physiques
et
morales
à
Berlin. J’ai
peine
à
croire
que vous avez perdu
l’optimisme
qui
m’avait
tout
frappé en
vous,
lors de la visite
que vous avez
bien voulu
me
faire à
Vevey,
il
y a
deux
ans.[2]
J’en
ai conservé
un
souvenir
tonique
et
lumineux.-
Pour
ma part
si
je
souffre dans
mon coeur
de voir l’Occident, et surtout
ma
France
se saigner
à
blanc,
je
reste
optimiste
pour
l’ensemble des choses et le
progrès
futur
de l’huma-
nité. Il
se
peut
que
des nations
s’épuisent
et s’évident,
comme
jadis
l’Espagne.
Mais,
avec
de
nouveaux éléments,
l’humanité
continue
sa
marche; et
j’ai
foi
(pour
un
avenir
prochain) en une
civilisation
plus
riche et
plus
vaste
que
celle
d’aujourd’hui-une
civilisation les
éléments
intellectuels d’Asie
apporteront
à
l’Europe
appauvrie
la
possibilité
de
développements nouveaux.
J’écris deux
oeuvres,
inspirées
par
le
présent: un roman douloureux,
qui
est
une
crise d’âme seule
au
milieu de la folie des
passions,-et
une pièce
fantaisiste et
sa-
tirique.-[3]
J’ai
lu
avec
un
intérêt
passionné
le livre
admirable
du
prof.
Nicolai.[4]
Il
est
votre
ami, je
crois. Voulez-vous lui faire savoir combien
je
l’aime. Je
me
suis
nourri
de
lui, ces
dernier mois.-
Il
est tout de même
beau,
dans cette affreuse
épo-
que,
de trouver de
grandes
âmes libres et
sereines,
comme
la sienne. C’est
une re-
vanche
suffisante
de la bêtise
immense,
qui
est
le
nouveau
Déluge
universel.
L’Ar-
che flotte. Elle finira bien
par
aborder.
Veuillez
croire,
cher
Monsieur,
à
mon
affectueuse et dévouée
sympathie
Romain Rolland
ALS
(SzGB). [33 008].
Previous Page Next Page