DOC. 131 DISCUSSION ON RELATIVITY 243 106 [M. Bergson.] bulletin de la sociüte franqaise neite entre l'indication de l'horloge H et l'evenement E, entre l'in- dication de l'horloge H' et l'evenement E'? Evidemment non. La simultaneite entre l'evenement et l'indication d'horloge est donnee par la perception qui les unit dans un acte indivisible elle consiste essentiellement dans le fait, - independant de tout reglage d'hor- loges, - que cet acte est un ou deux ä volonte. Si cette simultaneite- lä n'existait pas, les horloges ne serviraient a rien. On n'en fabri- querait pas, ou du moins personne n'en acheterait. Car on n'en achete que pour savoir l'heure qu'il est et savoir l'heure qu'il est consiste ä constater une correspondance, non pas entre une indication d'horloge et une autre indication d'horloge, mais entre une indication d'horloge et le moment oü l'on se trouve, l'evene- ment qui s'accomplit, quelque chose enfin qui n'est pas une indi- cation d'horloge. Vous me direz que la simultaneite intuitivement constatee entre un övenement quelconque et cet evenement particulier qu'est une indication d'horloge est une simultaneite entre evenements voisins, tres voisins, et que la simultaneite dont vous vous occupez genera- lement est celle d'evenements eloignes l'un de l'autre. Mais, encore une fois, oü commence la proximite, oü finit l'eloignement? Des microbes savants, postes respectivement aux points E et H, trouve- raient enorme la distance qui les separe, c'est-a-dire la distance entre l'horloge et l'evenement declare par vous voisin . Ils cons- truiraient des horloges microbiennes qu'ils synchroniseraient par un echange de signaux optiques. Et quand vous viendriez leur dire que votre ceil constate purement et simplement une simultaneite entre l'evenement E et Vindication de l'horloge H qui en est voisine , ils vous repondraient : Ah non ! nous n'admettons pas cela. Nous sommes plus einsteiniens que vous, Monsieur Einstein. Il n'y aura simultaneite entre l'evenement E et Vindication de votre horloge humaine H que si nos horloges microbiennes, placees en E et en H, marquent la meme heure et cette simultaneite pourra etre succes- sion pour un observateur exterieur ä notre systeme elle n'aura rien d'intuitif ou d'absolu. Je n'eleve d'ailleurs aucune objection contre votre definition de la simultaneite, pas plus que je n'en eleve contre la theorie de la Relativite en general. Les observations que je viens de presenter (ou plutöt d'esquisser, car je serais entraine fort loin si je voulais leur donner une forme rigoureuse) ont un tout autre objet. Ce que je veux etablir est simplement ceci : une fois admise la theorie de la Relativite en tant que theorie physique, tout n'est pas fini. Il reste ä determiner la signification philosophique des concepts qu'elle introduit. Il reste ä chercher jusqu'ä quel point elle renonce ä l'in-