DOC. 131 DISCUSSION ON RELATIVITY 249 112 [M. Einstein.] bulletin de la societe francaise mauvais en somme, ce qu'a fait Mach, c'est un catalogue et non un systeme. Autant Mach fut un bon mecanicien, autant il fut un deplorable philosophe. Cette vue courte sur la science le conduisit ä rejeter l'existence des atomes. Il est probable que si Mach vivait encore aujourd'hui, il changerait d'avis. Je tiens pourtant ä dire que, sur ce point : que les concepts peuvent changer, - je suis en complet accord avec Mach. M. Pieron. - Je voudrais, ä propos de la confrontation tentee par M. Bergson de la duree psychologique et du temps einsteinien, signaler qu'il existe des cas ou cette confrontation est experimenta- lement realisee, quand le psycho-physiologiste etudie, par une methode scientifique, les impressions de duree, de succession, de simultaneite. Or, depuis fort longtemps, les astronomes avaient dejä reconnu qu'il etait impossible de se fonder sur la simultaneite psychologique pour determiner avec precision une simultaneite physique, quand il s'agissait, par la methode de l'oeil et de l'oreille, de preciser la position d'une etoile dans le reticule d'une lunette au moment du battement d'un pendule. C'est bien le type de l'experience con- crete signalee par M. Bergson pour montrer l'intervention possible des impressions de duree dans les determinations relatives au temps physique. Or, nous savons qu'il est physiologiquement impossible d'obtenir une traduction mentale exacte d'une simultaneite physique entre des impressions sensorielles heterogenes. En effet, la latence de transformation de l'excitant exterieur en influx nerveux et le temps de propagation de cet influx, changent avec les regions du corps et les organes des sens mis en jeu, sans compter les variations cere- brales, complexes et irregulieres. Mais il y a plus : supposons que deux points symetriques de la retine recoivent une impression lumi- neuse il semble que, dans ces conditions, la simultaneite percue sera un indice certain, dans les limites d'une approximation don- nee, de simultaneite physique. Or il suffit que les impressions lumi- neuses aient une intensite differenle pour qu'il n'en soit rien. J'ai pu determiner une difference des intensites telle que l'excitation lumineuse la plus faible, precedant physiquement la plus forte de quelques centiemes de seconde, soit en realite percue nettement comme posterieure. Ainsi les determinations de succession ou de simultaneite psychologique ne peuvent en aucun cas etre utilisees pour une mesure de temps physique, qui exige une traduction spa- tiale, suivant une regle scientifique qu'a justement bien mise en lumiere M. Bergson. C'est par la coincidence ou la non-coincidence [30]
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