D O C U M E N T 1 9 2 J A N U A R Y 1 9 2 4 3 0 9 Majas Adresse ist: Sesto b. Firenze Quinta[2] Colonnata. ALS (Sz, Schweizerisches Literaturarchiv). [123 165]. [1]Hans Albert and Eduard Einstein. [2]“Quinta” is added in Elsa Einstein’s hand 192. From Marie Curie-Sk¤odowska Paris, le 6. janvier 1924 Cher Monsieur Einstein, J’ai eu grand plaisir à recevoir votre lettre[1] et à sentir toujours solides les liens d’amitié qui existent entre nous depuis bien des années. Croyez qu’ils me sont très précieux. Mr. le Prof. Lorentz vous a dit certainement que si nous ne vous avons pas en- voyé d’invitation pour l’anniversaire du 26. décembre, c’est parce que nous savions que vous ne pourriez l’accepter.[2] Vous êtes entouré, dans ce pays, d’estime et ad- miration et vous avez pu constater que vos paroles contre la Société des Nations ont été reproduites par la presse sans aucun commentaire dirigé contre vous même.[3] Ces paroles m’ont peinée, car elles ont atteint ceux qui certainement ont de la bonne volonté plutôt que ceux qui n’en ont pas. La Commission dont vous êtes sorti[4] comprend la nécessité d’une collaboration intellectuelle internationale et a déjà fait des efforts dans ce sens. Il était certainement difficile pour vous d’en faire partie tant que l’Allemagne ne fait pas partie de la S. d. N., et il me semble qu’il eût été suffisant de donner cette raison en vous retirant. Car si la S. d. N. était complè- tement constituée, les défauts qu’elle peut avoir seraient moins graves. Je vous accorde bien volontiers que la S. d. N. n’est pas parfaite. Elle n’avait aucune chance de l’être puisque les hommes sont imparfaits. Mais elle peut s’amé- liorer à mesure que les pauvres créatures humaines en reconnaîtront la nécessité. C’est le premier essai d’une entente internationale sans laquelle la civilisation est menacée de disparaître. Je crains que l’évolution ne soit longue et je sens tout ce que la situation actuelle a de pénible. L’Europe m’apparaît comme un organisme qui sort d’une maladie grave et qui a beaucoup de poisons à éliminer. Je vis très retirée dans mon Labora- toire et je m’occupe presque exclusivement de science. Je regrette que vous ne puissiez venir à Bruxelles pour revoir vos amis belges et français.[5] Ne pensez vous pas quelquefois qu’il est exaspérant de ne pouvoir faire un geste sans que cela ait une signification mondiale? Vous dites que les relations entre les hommes cultivés devraient être plus faciles qu’entre ceux du commun
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