8 4 2 A P P E N D I X B ses modiques proportions. Interprète de l’opinion unanime (car la chose était si simple, qu’il n’était pas un élève de mathématiques élémentaires hors d’état de la juger), M. Borel déclara que «toute l'argumentation ne tenait pas debout, car il n'est pas possible d’écrire d’abord les équations de la Relativité, puis d’introduire dans le maniement de ces équations des postulats étrangers et même opposés à ce système.» C’était l’évidence même, telle qu’elle ressort du principe d’homogénéité, de la nécessité d’employer un langage univoque. Réfuter une construction scientifique en y introduisant au préalable des éléments qu’elle rejette est facile, mais ne prouve rien. Prenant à son tour la parole, M. Langevin conclut par ces mots textuels, qui appuyaient une démonstration aussi brève que nette rela- tive à un point connexe: «Le malentendu résulte en somme de ce que M. Guillaume ne s’est pas rendu compte de ce qu’est une onde lumineuse.» Quant à Einstein, souriant, il se réfugia dans une abstention charitable en prétextant n’avoir rien compris à ce que voulait dire son interlocuteur. Ainsi s’acheva cet incident dont on ne peut dire s’il fut plus bouffon que pénible. Puis on se remit aux choses sérieuses. M. Langevin exposa d’abord comment il était par- venu à établir les formules de la dynamique nouvelle en partant simplement de la Relativité généralisée et du principe de la conservation de l'énergie. […] Einstein a pris alors la parole pour rendre hommage à la beauté du travail qui a conduit M. Langevin à ces résultats. Il y est arrivé lui-même indépendamment mais par une voie plus compliquée qui fait appel à des notions encore assez instables et devrait intervenir la fameuse théorie des quanta, cassetête chinois de la physique d’aujourd’hui. Dans une de ces formules à la fois humoristiques et agnostiques qui lui sont familières, Einstein a conclu: «C’est ainsi que la mécanique est profondément changée par la théorie des quanta qui n’existe pas encore.» Ainsi se termina l’examen des questions soulevées à propos de la Relativité restreinte. Il ne restait plus qu’à passer à celles que soulève la théorie de la Relativité généralisée. C’est M. Hadamard, professeur de mécanique céleste au Collège de France, qui ouvrit le feu par une question relative à la formule par laquelle Einstein exprime la loi nouvelle de la gravitation universelle. Dans cette formule, sous la forme simple que lui a donnée Schwartzschild et qui répond à tous les besoins pratiques de l’astronomie, il existe un certain terme qui préoccupe beau- coup M. Hadamard. Il y a de quoi car si le dénominateur de ce terme s’annule, c’est-à-dire si ce terme devient infini, la formule n’a plus aucun sens, ou du moins on peut se demander quel est alors son sens physique.[1] [1] Pour les lecteurs curieux de quelques précisions là-dessus, je me permets d’indiquer que la formule de gravitation d’Einstein est la suivante: ds est l’élément de géodesique parcouru dans l’Univers par un point gravitant. r désigne le rayon vecteur de ce point gravitant par rapport au centre massif et α est une longueur proportionnelle à cette masse et qui, dans le cas du soleil, est égale à 3 kilo- mètres environ. On voit que quand α devient égal à r le dernier terme prend une valeur infinie, et M. Hadamard se demande alors ce qu’il peut se passer en fait. [p. 154] ds2 dt2 t a r -–-- r2(dϑ2 sinϑϕ2) + dr2 1 α r --- ------------ -– =
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