DOCUMENT 258 SEPTEMBER
1916
337
[3]The
book
is
probably
Brod
1915,
a signed copy
of
which
(1931 edition)
is in Einstein’s
library.
Einstein
met the
author,
Max Brod
(1884-1968),
in
the salon
of
Bertha
Fanta
(see
Brod
1969,
pp.
170-171), which Einstein
sporadically frequented
while
teaching
at the German
University
of
Prague,
1911-1912.
[4]Among
those who
regularly
attended the Fanta salon
were
the
philosopher Hugo Bergman,
the
mathematician
Gerhard
Kowalewski, and,
less
frequently,
Franz Kafka
(see
Brod
1969,
pp.
170-171).
According
to
Bergman,
who “took
an
active
part
in Zionism” at that
time,
Einstein
never
discussed
Judaism
with
him. See
Bergman 1974,
p.
390.
258.
To
Helene Savic
Berlin,
Wilmersdorf.
Wittelsbacherstrasse 13
8.
Sept.
1916
Ma chère
Hélène,[1]
Votre lettre m’a fait
grand plaisir,
d’abord
parce que vous me parlez
en
détail
de
mes
chers
garçons,[2]
ensuite,
parce que vous ne me
jugez
pas superficiellement,
comme
le font la
plupart
de
mes
connaissances.
La
séparation
de
Mieze[3]
était
pour
moi
une question
de vie. Notre vie
commune
était devenue
impossible, déprimante
même, pourquoi, je ne
saurais le dire. Je
renonce
donc à
mes
garçons, que
j’aime
cependant
tendrement.
Durant
les deux années de notre
séparation
je
les ai
vus
deux
fois,
au printemps
dernier
j’ai
fait
un petit voyage avec
Albert,
et
mon grand
regret j’ai
constaté,
que
mes enfants, ne
comprenant pas
ma
façon d’agir,
ressentent
une
sourde colère contre
moi,[4]
et
je
trouve, quoique
peiné, que
c’est mieux
pour
eux,
si
leur
père ne
les voit
plus.
Je serai
satisfait,
s’ils deviennent des hommes uti-
les et
estimés;
tout
porte
à
croire,
qu’il
en sera
ainsi;
car
ils sont bien
doués,
et
quoi-
qu’en général je
n’estime
pas
très haut l’influence de
l’éducation, j’ai grande
con-
fiance
en
celle de leur
mère.-[5]
J’ai
appris avec
plaisir
que,
Tete s’est si
bien
re-
mis;
il
était
toujours
délicat
et
nerveux
et
avec
cela
précoce en
son
développement
intellectuel. La maladie de Mieze m’a
peinée,
heureusement
se
trouve-t-elle
en en-
tière convalescence.[6]
Malgré
cet
intérêt de
ma
part,
elle
est
et
restera
toujours
pour
moi
un
membre
amputé.
Je
ne me rapprocherai plus jamais
d’elle, je
finirai
mes
jours
loin
d’elle, sentant,
que
c’est absolument nécéssaire. Je
crois, que
Mieze
souffre
parfois
elle-même de
sa
grande
réserve; ses
parents
et
sa
soeur,[7] avec
les-
quels
elle
vivait
cependant toujours
en
bonne
harmonie,
ignoraient
complètement
son
adresse.
Vous
pourrez,
chère
Hélène,
sous ce
rapport
lui
être de
grande utilité,
en
lui aidant à surmonter
des
moments
de
découragement.
Ma
profonde
reconnais-
sance vous
est
acquise
pour
tout
ce que vous avez
fait
pour
Mieze
et surtout
pour
les
enfants.-
Ne
me
plaignez
pas; malgré mes
troubles
extérieurs,
ma
vie s’écoule
en parfaite
harmonie;
je voue
toutes mes
pensées
à
la reflection.
Je
ressemble
à
un
presbyte, qui
est charmé
par
le vaste horizon
et
qui
l’avant-scène
dérange
seule-
ment,
quand
un
objet
opaque
l’empêche
de
voir.-
Si
votre
chemin
vous
conduit