238 DOC. 131 DISCUSSION ON RELATIVITY DE PHILOSOPHIE : SEANCE DU 6 AVRIL 1922. 101 Or, tous ces embarras disparaissent, comme par enchantement, avec les doctrines de la relativite. Pourquoi ? Parce qu'elles ne connaissent plus le mathematique pur, l'espace pris ä part de ce qui le remplit, le temps pris ä part de ce qui se passe, d'un mot le systeme de mesure qui serait defini en tant que mesurant. L'ope- ration de mesure consiste ä mettre le procede de mesure et la chose ä mesurer dans une relation si etroite qu'on ne saurait deter- miner les caracteres de l'un sans reference aux proprietes, intrin- seques et objectives, de l'autre. Il n'y a plus de probleme philoso- phique qui se pose touchant l'espace avant la matiere, ou touchant la maliere apres l'espace - a fortiori point de probleme touchant une entite de temps, se trainant peniblement ä la remorque de l'es- pace. Le monde, suivant M. Einstein, est sans endroit et sans envers il se constitue d'un seul tenant par la correlation progres- sive du mathematique et du physique, qui ne laisse, ä aucun mo- ment du travail intellectuel, subsister un hiatus, qui n'entraine aucune fissure, entre la position du continuum spatio-temporel et la realite qui en determine les caracteristiques. A ce point de vue l'avenement de la relativite marque bien une revolution - mais au sens litteral de la metaphore, comme l'acheve- ment du processus de pensee - que l'on voit se dessiner avec le relativisme kantien, ou l'espace, en raison du paradoxe des objets symetriques, est une forme d'intuition qui appelle un contenu, oü la cause reclame l'experience d'un temps irreversible. Avec Kant, dejä, le parallelisme des idees et des choses se change en connexion, en reciprocite avec M. Einstein, cette connexion, cette reciprocite, acquiert une profondeur insoupconnee, parce que la relativite fait apparaitre plus abstraite l'expression de la realite physique, en meme temps qu'elle precise la signification de pur instrument de travail, qui appartient au mathematique. S'il est inevitable que nous parlions en mathematiciens, nous devons penser en physi- ciens. Et alors, par la solidarite desormais etablie entre l'Esthe- tique transcendentale et l'Analytique, disparaitront, pour parler encore le langage kantien, les contradictions de la Dialectique. M. Einstein. - A propos de la philosophie de Kant, je crois que chaque philosophe a son Kant propre, et je ne puis repondre a ce que vous venez de dire, parce que les quelques indications que vous avez donnees ne me suffisent pas pour savoir comment vous interpretez Kant. Je ne crois pas, pour ma part, que ma theorie concorde sur tous les points avec la pensee de Kant telle qu'elle m'apparait. Ce qui me parait le plus important dans la philosophie de Kant,