DOC. 131 DISCUSSION ON RELATIVITY 239 102 [M. Le Roy.] bulletin de la societe franqaise c'est qu'on y parle de concepts a priori pour edifier la science. Or, on peut opposer deux points de vue : l'apriorisme de Kant, dans lequel certains concepts preexistent dans notre conscience, et le conventionalisme de Poincare. Ces deux points de vue s'accordent sur ce point que la science a besoin, pour etre edifiee, de concepts arbitraires quant ä savoir si ces concepts sont donnes a priori, ou sont des conventions arbitraires, je ne puis rien dire. M. Le Roy. - Notre ami Xavier Leon veut ä toute force que [19] je prenne la parole. Devant son aimable insistance, je ne saurais m'y refuser. Mais, au fond, je n'ai rien ä dire et c'est cela seul que j'expliquerai en deux mots. Pour le philosophe, de quelque maniere, d'ailleurs, qu'il concoive leur existence, il y a un espace et un temps, objets d'intuilion, qui preexistent ä la mesure qu'on en fait et qui demeurent distincts de cette mesure. Pour le physicien, au contraire, surtout dans la perpective se place la theorie de la relativite, espace et temps sont definis par leur mesure meme : ce sont, en fin de compte et ä la lettre, deux ensembles d'operations de mesure. A ces ensembles, comment imposerait-on a priori un systeme quelconque de carac- teres, de determinations, de lois ou rapports internes ? Le point de vue du philosophe et celui du physicien sont l'un et l'autre legi- times mais ils conduisent ä poser, sous des termes apparemment semblables, deux problemes en realite tout differents. J'estime en particulier que le probleme du temps n'est pas le meme pour M. Einstein et pour M. Bergson. Il y aurait sur ce [20] point plusieurs remarques ä faire. Mais, M. Bergson etant parmi nous, ce n'est pas ä moi qu'il appartient de les produire et mon intervention aura eu tout l'effet que je desire si elle amene M. Bergson lui-meme ä prendre la parole. M. Bergson. - J'etais venu ici pour ecouter. Je n'avais pas l'intention de prendre la parole. Mais je cede ä l'aimable insistance de la Sociöte de philosophie. Et je commence par dire ä quel point j'admire l'oeuvre de M. Einstein. Elle me parait s'imposer ä l'attention des philosophes autant qu'ä celle des savants. Je n'y vois pas seulement une phy- sique nouvelle, mais aussi, ä certains egards, une nouvelle maniere de penser. Un approfondissement complet de cette oeuvre devrait naturel- lement porter sur la theorie de la Relativite generalisee aussi bien que sur celle de la Relativite restreinte, sur la question de l'espace aussi bien que-sur celle du temps. Puisqu'il faut choisir, je prendrai
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