242 DOC. 131 DISCUSSION ON RELATIVITY DE PHILOSOPHIE : SEANCE DU 6 AVRIL 1922. 105 la distance n'est pas un absolu, qu'elle est grande ou petite selon le point de vue, selon le terme de comparaison, selon I'ins- trument ou l'organe de perception. Un surhomme ä vision geante percevrait la simultaneite de deux evenements instantanes enor- mement eloignes comme nous percevons celle de deux evenements voisins . Quand nous parlons de simultaneites absolues, quand nous nous representons des coupes instantanees de l'univers qui cueilleraient, pour ainsi dire, des simultaneites definitives entre evenements aussi distants qu'on voudra Fun de l'autre, c'est ä cette conscience surhumaine, coextensive ä la totalite des choses, que nous pensons. Maintenant, il est incontestable que la simultaneite definie par la theorie de la Relativite est d'un tout autre ordre. Deux eve- nements plus ou moins distants, appartenant a un meme systeme S, sont dits ici simultanes quand ils s'accomplissent ä la meme heure, quand ils correspondent ä une meme indication donnee par les deux horloges qui se trouvent respectivement a cote de chacun d'eux. Or ces horloges ont ete reglees l'une sur l'autre par un echange de signaux optiques, ou plus generalement electro-magne- tiques, dans l'hypothese que le signal faisait le meme trajet k l'aller et au retour. Et il en est ainsi, sans aucun doute, si l'on se place au point de vue de l'observateur interieur au systeme, qui le tient pour immobile. Mais l'observateur interieur ä un autre sys- teme S', en mouvement par rapport ä S, prend pour systeme de reference son propre systeme, le tient pour immobile, et voit le premier en mouvement. Pour lui, les signaux qui vont et viennent entre deux horloges du Systeme S ne font pas, en general, le meme trajet ä l'aller et au retour et par consequent, pour lui, des evenements qui s'accomplissent dans ce systeme quand les deux hor- loges marquent la meme heure ne sont pas simultanes, ils sont suc- cessifs. Si l'on prend la simultaneite de ce biais - et c'est ce que fait la theorie de la Relativite - il est clair que la simultaneite n'a rien d'absolu, et que les memes evenements sont simultanes ou successifs selon le point de vue d'ou on les considere. Mais, en posant cette seconde definition de la simultaneite, n'est- on pas oblige d'accepter la premiere ? N'admet-on pas implicitement celle-ci ä cote de l'autre ? Appelons E et E' les deux evenements que l'on compare, H et H' les horloges placees respectivement ä cote de chacun d'eux. La simultaneite, au second sens du mot, existe quand H et H' marquent la meme heure et elle est relative, parce qu'elle depend de l'operation par laquelle ces deux horloges ont ete reglees l'une sur l'autre. Mais, si telle est bien la simultaneite entre les indications des deux horloges H et H', en est-il ainsi de la simulta-