248 DOC. 131 DISCUSSION ON RELATIVITY DE PHILOSOPHIE : SEANCE DU 6 AVRIL 1922. 111 la conscience, et que, par consequent, la science ne saurait se dispenser de preciser comment elle concoit cet objet, ä travers les modifications qu'impose ä cette image le progres de notre savoir. Il me semble, d'ailleurs, que l'attitude de M. Einstein lui-meme con- firme cette maniere de voir. En effet, cette evolution vers l'ato- misme dont j'ai parle tout ä l'heure et qui a tant deplu aux energe- tistes bon teint, M. Einstein y a puissamment contribue. En 1905, en meme temps presque que ses premiers travaux sur la relativite, il a publie un travail ou, sans connaitre les resultats de Gouy ni, en general, le mouvement brownien, il a determine l'amplitude du mouvement moleculaire, et ses formules ont ete ensuite, comme on [29] sait, utilisees par M. Perrin. De meme, lors du Conseil de phy- sique de 1911, alors qu'ä l'egard des phenomenes du rayon- nement noir, si etranges, si embarrassants pour la physique ato- mique, une attitude purement phenomeniste avait ete expressement suggeree aux assistants, M. Einstein a tout au contraire insiste avec beaucoup de clarte et de vigueur sur la necessite de repre- senter ce que nous connaissons de ces phenomenes sous une forme concrete , c'est-ä-dire par une figuration dans l'espace et ä l'aide d'un mecanisme qui soit veritablement en mesure d'expliquer les constatations il a, en outre, fait ressortir que cette image devait etre aussi complete et aussi coherente que possible et a Signale les difficultes et les invraisemblances auxquelles on se heurte dans cet ordre d'idees en adoptant l'hypothese de M. Planck. Je ne crois donc pas trop m'avancer en supposant que M. Einstein lui-meme est loin de partager, dans ce domaine, les opinions de Mach. Mais je crois que, devant l'interet tout particulier que presente cette question, non seulement au point de vue de la theorie de notre savoir scientifique, de l'epistemologie, mais encore ä celui de la philosophie en general, et etant donnee aussi la possibilite de la confusion dont j'ai parle, des eclaircissements de la bouche de l'auteur meme de la theorie de la relativite seraient tres utiles. M. Einstein. - Dans le continuum ä quatre dimensions il est certain que toutes les directions ne sont pas equivalentes. D'autre part il ne parait pas y avoir grande relation au point de vue logique entre la theorie de la relativite et la theorie de Mach. Pour Mach il y a deux points ä distinguer : d'une part, il y a des choses auxquelles nous ne pouvons pas toucher ce sont les donnees immediates de l'experience d'autre part, des concepts que nous pouvons au contraire modifier. Le systeme de Mach etudie les rela- tions qui existent entre les donnees de l'experience l'ensemble de ces relations c'est, pour Mach, la science. C'est lä un point de vue