244 DOC. 131 DISCUSSION ON RELATIVITY DE PHILOSOPHIE : SEANCE DU 6 AVRIL 1922. 107 tuition, jusqu'a quel point elle y demeure attachee. Il reste ä faire la part du reel et la part du conventionnel dans les resultats aux- quels elle aboutit, ou plutöt dans les intermediares qu'elle etablit entre la position et la solution du probleme. En faisant ce travail pour ce qui concerne le Temps, on s'apercevra, je crois, que la theo- rie de la Relativite n'a rien d'incompatible avec les idees du sens commun. M Einstein. - La question se pose donc ainsi : Le temps du philosophe est-il le meme que celui du physicien ? Le temps du phi- losophe, je crois, est un temps psychologique et physique ä la fois or le temps physique peut etre derive du temps de la conscience. Primitivement les individus ont la notion de la simultaneite de perception ils purent alors s'entendre entre eux et convenir de quelque chose sur ce qu'ils percevaient c'etait la une premiere etape vers la realite objective. Mais il y a des evenements objectifs independants des individus, et de la simultaneite des perceptions on est passe ä celle des evenements eux-memes. Et, en fait, cette simultaneite n'a pendant longtemps conduit ä aucune contradiction ä cause de la grande vitesse de propagation de la lumiere. Le con- cept de simultaneite a donc pu passer des perceptions aux objets. De lä ä deduire un ordre temporel dans les evenements il n'y avait pas loin, et l'instinct l'a fait. Mais rien dans notre conscience ne nous permet de conclure ä la simultaneity des evenements, car ceux- ci ne sont que des constructions mentales, des etres logiques. Il n'y a donc pas un temps des philosophes il n'y a qu'un temps psycho- logique different du temps du physicien. [21] M. Meyerson. - Je voudrais demander ä M. Einstein des eclair- cissements sur deux points particuliers qui, d'ailleurs, se rattachent moins au fond de ses conceptions qu'ä la maniere dont celles-ci sont souvent presentees et aux conclusions que l'on semble vouloir en tirer. Ainsi nous entendons souvent parler de l'univers ä quatre dimen- sions en des termes laissant supposer que ces quatre dimensions sont d'une nature analogue. Or, il n'en est rien, bien entendu. Pour s'en rendre compte, il suffit de constater que l'espace, chez M. Ein- stein, n'etant point infini, nous devons, en continuant a nous mou- voir en ligne droite, apres un temps tres long evidemment (un mil- liard d'annees, nous dit-on, ä la vitesse-limite, qui est celle de la lumiere), revenir au meme endroit. Il est evident des lors que, s'il devait en etre de meme du temps, nous devrions, dans un avenir aussi eloigne que l'on voudra, retrouver le moment actuel. Ce serait alors la tres ancienne conception de la Grande Annie des premiers BULIETIN Sec. FRANC. of PHILOSOPHIE. T XVII, 1922. 8