DOC. 131 DISCUSSION ON RELATIVITY 245 108 [M. Meyerson.] bulletin de la societe franqaise penseurs de la Grece et notamment d'Heraclite, conception dont on retrouve des reflets chez des philosophes et des savants modernes, chez Nietzsche et chez M. Arrhenius, mais qui ici se presenterait [22] avec toute l'ampleur et toute la rigueur que lui pretaient les anciens. Ce n'est pas lä du tout l'opinion de M. Einstein, dont l'univers est, comme vous le savez, cylindrique , c'est-a-dire qu'il comporte une courbure pour les trois dimensions spatiales, alors que la qua- trieme dimension, celle du temps, en est exempte. Mais ce n'est pas seulement ce retour cyclique, meme ä tres longue echeance, comme M. Einstein le prevoit pour l'espace, qui est impossible pour le temps, c'est - nous le savons tous - tout retour, toute marche en arriere. Nous nous mouvons dans le temps tout autrement que nous ne le faisons dans l'espace. Sans doute y a-t-il, depuis le principe de relativite, quelque chose de change ä cet egard. Le temps ne s'ecoule plus uniformement pour tous, et si un voyageur revenait apres une tournee accomplie ä une vitesse d'un ordre approchant de celui de la lumiere, sa montre ne serait point d'accord avec celles des gens restes sur place. Mais il y aurait pourtant une limite ä cette divergence, car jamais ce voyageur ne pourrait retrograder dans le temps. On ne peut telegraphier dans le passe , nous dit fort justement M. Einstein, et le principe de l'entropie est, dans le pro- digieux bouleversement qu'impose aux conceptions que nous croyions le plus fermement etablies la theorie de la relativite, l'un des deux grands principes de l'ancienne physique qui restent debout l'autre etant, comme vous savez, celui de moindre action. La veritable situation, ä ce point de vue, me semble etre la sui- vante. La mecanique einsteinienne implique la reversibilite. Mais ce n'est pas lä un trait qui lui soit propre tout au contraire, dans la mecanique classique, le phenomene apparait egalement comme reversible. Dans les deux cas c'est d'ailleurs, tres evidemment, une consequence de notre tendance profonde ä spatialiser le temps, ten- dance qui ici s'exprime par cette simple constatation que nous nous servons, pour le figurer, d'une duree numerique, - car tout nombre est susceptible d'etre diminue aussi bien qu'accru. - Vous savez que, dans le domaine de la mecanique classique, l'irreversibi- lite s'obtient ä l'aide de considerations de statistique. Elles peuvent evidemment etre maintenues dans la mecanique einsteinienne. Peut-etre pourra-t-on aussi, dans cet ordre d'idees, combiner, comme on l'a dit, au principe de la relativite l'hypothese des quanta. En tout etat de cause, il semble indique d'eviter, en ce qui concerne cette structure particuliere de la dimension, toute equivoque et de parler d'un univers non pas de quatre dimensions, mais plutöt de 3 + 1 dimensions, comme l'a fait du reste M. Weyl, mais en se