2 6 2 D O C . 15 2 O N M E Y E R S O N S B O O K 162 REVUE PHILOSOPHIQUE science. La simple constatation de rapports empiriques entre les faits expérimentaux ne saurait, selon lui, être présentée comme le but unique de la science. En effet, tout d’abord les liaisons d’ordre général, qui s’expriment par nos « lois de la nature », ne sont pas de simples constatations de notre expérience, car elles ne peuvent être formulées et déduites qu’en partant de constructions ration- nelles qui ne peuvent résulter uniquement de l’expérience en tant que telle. De plus, la science ne se contente pas de formuler des lois d’expérience : elle cherche bien plutôt à construire un système logique, reposant sur un minimum de prémisses, et comprenant dans ses conséquences toutes les lois de la nature. Ce système ou plutôt l’ensemble des concepts qu’il fait apparaître est coor- donné aux objets de l’expérience. D’autre part, ce système, que la raison recherche en conformité avec la totalité des faits d’expé- rience ou de ce que nous éprouvons, doit correspondre à l’univers des choses réelles de la conception préscientifique. Toute science [3] est donc fondée sur un système philosophique réaliste. Et la réduction de toutes les lois expérimentales à des propositions susceptibles d’être logiquement déduites est, d’après M. Meyerson, le but ultime de toute recherche scientifique, but vers lequel nous tendons toujours, tout en étant obscurément persuadés que nous ne pouvons l’atteindre que partiellement. A ce point de vue, M. Meyerson est un rationaliste et non un empiriste. Toutefois, il se sépare de l’idéalisme critique au sens kantien. Il n’est, en effet, aucun trait, aucun point de ce système qui forme l’objet de la recherche, dont nous puissions savoir a p rio ri qu’il doit nécessairement en faire partie par suite de la nature même de notre pensée. Et cela est également vrai en ce qui concerne les formes de la logique et de la causalité. Nous n’avons pas le droit de nous demander comment le système scientifique doit être construit mais seulement comment il a été effectivement construit, au stades déjà accomplis de son évolution. Ses fonde- ments logiques, comme aussi sa structure interne, sont donc « conventionnels », au point de vue de la logique ils trouvent leur justification uniquement dans le rendement du système en face des faits, dans son unité de pensée et dans le petit nombre de [4] prémisses qu’il exige. M. Meyerson désigne par le nom de « Relativisme » le système
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