2 6 4 D O C . 15 2 O N M E Y E R S O N ’ S B O O K 164 REVUE PHILOSOPHIQUE de ce caractère déductif et éminemment abstrait un sujet de blâme, mais il y voit une application de la tendance générale que mani- feste l’histoire du développement des sciences exactes : on y con- state en effet que la commodité des axiomes et des méthodes (dans le sens psychologique du terme) est sacrifiée de plus en plus à l’unité du système entier dans le sens logique. [11] Ce caractère déductif et constructif permêt à M. Meyerson une comparaison extrêmement ingénieuse de la Relativité avec les systèmes de Hegel et de Descartes. Il attribue le succès de ces trois théories auprès des contemporains à la rigueur de l’enchaî- nement logique et du développement déductif. L’esprit humain ne se contente pas de poser des relations, il veut comprendre et la supériorité de la Relativité sur les deux conceptions précé- dentes serait due, d’après M. Meyerson, à sa précision quantita- tive et à son adaptation à de nombreux faits expérimentaux. Il voit un autre point commun aux théories de Descartes et des relativistes dans l’assimilation des concepts de la physique à des concepts spatiaux, c’est-à-dire géométriques. D’ailleurs, dans la Relativité ceci ne pourrait être complètement réalisé qu’après réduction du champ électromagnétique, à la manière des théories de Weyl et d’Eddington. [12] [13] Ici encore il y a une confusion à éviter dans l’interprétation de certaines affirmations de M. Meyerson, et notamment de celle-ci : « la Relativité ramène la physique à la géométrie ». Il est très exact qu’avec cette théorie la géométrie (métrique), regardée comme distincte des disciplines jusqu’alors classées sous la rubrique « physique, » a perdu son existence indépendante. Et M. Meyerson est à même de citer (La Déduction relativiste, p. 137) un passage d’Eddington où il est question d’une « théorie géomé- trique » de l’univers. Même avant la théorie de la Relativité, le fait de considérer la géométrie, opposée à la physique, comme une science a priori était injustifié : ceux qui adoptaient ce point de vue oubliaient que la géométrie est la science des possibilités de déplacement des corps solides. D’après la théorie de la Relati- vité généralisée, le tenseur métrique définit le comportement des règles et des horloges, ainsi que le mouvement des solides libre- ment déplaçables, en l’absence d’effets électromagnétiques. Ce tenseur est appelé « géométrique », parce que la forme