D O C . 15 2 O N M E Y E R S O N ’ S B O O K 265 A. EINSTEIN. — LA «DÉDUCTION RELATIVISTE» DE E. MEYERSON 165 mathématique correspondante est apparue d’abord dans la science désignée sous le nom de « géométrie ». Cela ne suffit d’ailleurs point à justifier l’application du nom de « géométrie » à toute science où cette formé joue un rôle, même lorsque, pour l’illustrer au moyen de comparaisons, on se sert de représen- tations dont la géométrie nous a donné l’habitude. Une argumen- tation semblable aurait permis à Maxwel et à Hertz de qualifier de « géométriques » les équations de l’électromagnétisme dans le vide, parce que le concept géométrique de vecteur apparaît dans ces équations. [14], [15] D’autre part, l’essentiel des théories de Weyl et d’Eddington pour la représentation du champ électromagnétique n’est pas dans l’annexion de ce champ à la géométrie, mais dans le fait qu’elles montrent un chemin possible pour arriver à représenter sous un aspect unique la gravitation et l’électromagnétisme, alors que les deux champs correspondants entraient jusqu’alors dans la théorie sous des formes logiquement indépendantes l’une de l’autre. Ainsi je suis d’avis que le terme « géométrique » employé dans cet ordre d’idées est entièrement vide de sens. D’ailleurs, l’analogie que fait valoir M. Meyerson entre la physique relativiste et la géométrie est bien plus profonde. Exa- minant, du point de vue philosophique, la révolution amenée par les théories nouvelles, il y voit la manifestation d’une tendance déjà marquée par les progrès scientifiques antérieurs, mais plus visible encore ici, tendance à la réduction du « divers » à sa plus simple expression, c’est-à-dire à sa dissolution dans l'espace. Que cette réduction complète — qui était le rêve de Descartes — soit en réalité impossible, c’est ce que montre M. Meyerson dans la théorie de la Relativité elle-même. C’est ainsi qu’il insiste avec raison sur l’erreur de maints exposés de la Relativité, où il est question de la « spatialisation du temps ». Le temps et l’espace sont bien fondus dans un même et unique continuum, mais celui-ci n’est pas isotrope. Les caractères de l’élément de distance spatiale et ceux de l’élément de durée restent distincts les uns des autres, et cela jusque dans la formule donnant le carré de l’intervalle d’univers de deux événements infiniment voisins. Mais la tendance qu’il dénonce, pour être souvent latente dans l la Vol. 105 [16] [17] [18]